Cannabis: Le débat s’impose

7 07 2010

Au mois de mars dernier, The Economist titrait « Comment faire cesser la guerre des drogues ». La revue britannique démontre – chiffres à la clé – que la légalisation d’un certain nombre de drogues serait « la moins mauvaise chose à faire » en terme de lutte contre le cannabis. Le raisonnement est le suivant : la prohibition nourrit la contrebande et le crime organisé, défavorise les pays les plus pauvres et – cerise sur le gâteau – s’avère réellement inefficace à réduire la consommation de cette drogue, dans pratiquement tous les pays de prohibition. Le débat en France reste pourtant vicié, sinon impossible. CQFD

« Ne fermons pas les yeux »

Ce titre est celui de la dernière campagne anti-drogues en France. C’est un beau slogan pour une telle campagne : car toute politique de prévention sur la drogue a pour objectif d’informer les citoyens sur les dangers de la drogue. Il s’agit donc d’éclairer les citoyens pour ne pas tomber dans certains pièges, et aussi pour faciliter l’accès aux services publics de l’aide aux toxicomanes et aux alcooliques.

Or, la prévention 2009 en France sur le cannabis (qui rentre maladroitement dans le panier des drogues dures) est un véritable ramassis de mensonges : l’un des spots intitulé « si les dealers vous disaient la vérité » commence avec un fond noir, une musique agressive, puis expose au téléspectateur un prototype de dealer diabolique d’une trentaine d’années, barbu, cheveux longs avec un phrasé particulièrement vulgaire. Il tient ensuite un discours à l’acheteur potentiel, c’est-à-dire le téléspectateur lui-même, en insistant sur « toutes les merdes » qu’il ajoute à son « shit ». Bien sûr, les symptômes sont annoncés : sueur froide, crise de paranoïa et finalement, hallucinations et défenestration. Symptômes que l’on observe… pas vraiment.

Ce qui choque, c’est la déformation complète de la réalité : on sur-représente certains aspects, on occulte certains autres, comme un miroir déformant. Il n’y a pas, dans cette campagne, un seul chiffre, ni un seul fait. Alors que les campagnes sur l’alcool, ou – dans un autre domaine – sur les accidents de la circulation, peuvent ouvrir un débat serein sur les faits, parce qu’elles nourrissent leur prévention de faits, et s’appuient sur des expériences concrètes. Mais sur le cannabis, le gouvernement n’a pas une politique de vérité, mais une politique de contre-vérité par une désinformation, en modèle de miroir déformant : diaboliser pour mieux combattre.

Propos de scientifiques éminents à l’appui, voici ce que l’on peut dire… sans pour autant clore le débat médical.

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