Des OGM dans le Cannabis?

3 06 2010

Ou juste une nouvelle campagne de désinformation?

Dans l’édition du 20 Mai, le Parisien publie l’article suivant:

« Familles de France s’inquiète de l’augmentation progressive du taux de principe actif, le THC (tétrahydrocannabinol ), dans le cannabis circulant dans l’Hexagone. Selon l’association de protection de l’enfance, les trafiquants manipuleraient génétiquement les graines de cannabis afin de « booster » les effets de la drogue et donc d’attirer le chaland.

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Une hypothèse fantaisiste ? Peut-être pas, car les techniques existent et se répandent à travers les sites Internet de bio-hacking, un phénomène qui voit des biologistes en herbe s’essayer à la fabrication d’OGM à domicile. Alors que dans un laboratoire d’agronomie cela ne pose aucun problèmes de modifier génétiquement des plantes destinées a une consommation humaine globale comme le maïs, le blé etc.

On ne peut pas exclure l’existence de manipulations génétiques

Emmanuel Guiderdoni, directeur du centre de recherche de l’environnement

Premier indice : avec un taux de THC oscillant autour de 10 %, la quantité moyenne de principe actif contenu dans le cannabis saisi « a doublé depuis quinze ans », note Patrick Mura, vice-président de la Société française de toxicologie.

Pis : la direction des douanes note l’apparition récente de résines venues des Pays-Bas affichant jusqu’à 25 % de THCil faut savoir que la façon/machine/protocole utilisé pour mesurer le taux de THC peut avoir une énorme incidence sur le taux que l’on mesure . « La plupart de ces cannabis sont obtenus par sélection des graines », analyse Emmanuel Guiderdoni, directeur du Cired, un centre de recherche sur l’environnement.Ce qui revient a dire que les variation génétiques sont dues a une sélection et une hybridation des gènes déjà présent dans le patrimoine de la plante. « Cela dit, on ne peut pas exclure l’existence de manipulations génétiques : les gènes conduisant à la fabrication du THC sont connus depuis 2004, et les techniques de reproduction ont été testées en laboratoire avec succès dès 2006. » Les trafiquants s’en servent-ils ? « A grande échelle, ce genre d’opérations coûte beaucoup d’argent, mais vu les moyens financiers dont ils disposent, ce n’est pas impossible. » Mais en quoi le directeur de la branche de Montpellier (NDLR) du C.I.R.A.D (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) est une référence en Cannabis et plus encore, en quoi est-il qualifié pour s’avancer sur le domaine du crime organisé? On en revient donc aux hypothèses, sans retenues, pour essayer de justifier une idée déjà pré-conçue.

Mais pour le « petit cultivateur », nul besoin d’un équipement important. Sur des forums Internet américains spécialisés, le processus est même décrit avec précision, moyennant un équipement rudimentaire. « Obtenir un extrait pur d’ADN est un jeu d’enfant, souligne Yves Bertheau, directeur de recherche à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique). Pour le reproduire, il faut davantage de connaissances, mais un étudiant en génétique peut facilement s’en sortir. »

Plus simple encore, l’opération qui consiste à multiplier les chromosomes de la plante pour produire une drogue de « qualité supérieure », ne coûte que quelques euros. « Pour cela, il suffit de laisser plonger ses graines dans une solution de colchicine, un médicament contre la goutte. C’est un tuyau que se refilent les petits producteurs via Internet », révèle Sylvestre Bertucelli, président de la Fédération nationale de producteurs de chanvre. C’est desormais un tuyau que les producteurs peuvent lire dans leur journal… pourquoi ne pas rappeler qu’en utilisant la colchicine, le taux de viabilité lorsque les graines sont traités à concentration efficace est de 4 pour 1000 (zhatov, 1979).
Reste qu’à ce jour, aucune donnée officielle n’existe sur l’ampleur de ces phénomènes. « Pourtant, la détection d’un cannabis génétiquement modifié est très simple sur le plan technique », observe Emmanuel Guiderdoni.

Jugeant l’existence de ces manipulations « peu crédibles », les laboratoires des douanes, chargés de l’examen des drogues saisies en France, n’ont jamais procédé pour l’instant à de telles analyses. » Le détail le plus important, les laboratoires des douanes ne semblent même pas se soucier de l’avis de l’association de protection de l’Enfance.

En conclusion, il est plus intéressante de nourrir la controverse sur une substance illégale  plutôt que de décrire aux lecteurs quels produits du quotidien sont le résultat de modifications génétiques bien plus complexes.

Si seulement ils savaient qu’il pourraient faire leur beurre avec cette plante, ou plutôt une margarine grâce a l’huile de chènevis si riche en Omega3 et Omega6!

Sources: le parisien


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3 responses

18 06 2010
flavien

nan mortel !

20 10 2012
Jean Phir

Si toutes ces informations sont exactes, ce n’est pas ça qui suffit à obtenir une plante OGM !
Le principe des OGM consiste précisément à prélever dans l’ADN d’un organisme un gène intéressant (par exemple capable de faire fabriquer de l’insuline) pour le greffer dans l’ADN d’un autre organisme qui en était incapable. Quel gène serait donc à greffer dans du cannabis ? Un gène qui augmenterait l’activité du gène synthétisant le THC ? Mais lequel ? D’où vient-il ? Où trouver un truc pareil ?
A la rigueur on pourrait augmenter le nombre de gène produisant du THC ? Mais il n’y a pas besoin de génétique moléculaire pour ça, c’est déjà le cas par sélection des plantes, et ce n’est pas parce que vous avez 10 fois un gène que cela produit plus, tout comme ce n’est pas en mettant 10 personnes sur un même poste qu’une chaine de production produira davantage.
S’il y avait une chose largement plus intéressante à faire avec ce genre de technique ce serait largement de greffer le gène du cannabis sur une autre plante ! Par exemple le houblon est une plante très proche. Il produit aussi une résine, la lupuline, qui parfume la bière (principe amer). Il ne serait donc pas impossible de réaliser quelques modifications pour obtenir des plants de houblon très discrets, grimpants à plusieurs mètres, ne mourant pas après la floraison, et tout aussi actif ! Le plus drôle est que le houblon n’est pas interdit :-). On pourrait imaginer la même chose avec d’autres êtres vivants, du moment que le THC se retrouve vraiment libéré et concentré à un moment donné. Par exemple même si une laitue pouvait recevoir ce gène, le THC ne serait pas produit faute de poils sécréteurs de résine… Si ce gène peut fonctionner dans une bactérie, alors pourquoi pas des yaourts au THC 🙂 En plus ce n’est pas le THC qui sent donc même un chien dressé ne trouverait rien…
Quant à la vieille technique à base de colchicine, elle a ses limites : au delà d’une certaine quantité de chromosomes cela ne marche plus. Or il se trouve que les variétés actuelles sont (évidemment) déjà avec un nombre plus élevé, tout comme pas mal de plantes cultivées. En fait, on obtient logiquement des plantes qui produisent TOUT en plus grande quantité, c’est logique, et pas uniquement (par miracle ?) la substance désirée. Bref, les plantes sont plus vigoureuses, plus grandes, tout simplement ! (Autant dire que pour une culture en intérieur ce n’est pas le but…)

22 10 2012
cannabis-seeds

Bonjour Jean Phir,

Merci pour ce commentaire éclairé.

Le sous-titre que j’ai ajouté à l’article visait justement à démontrer comment cet argument n’est rien de plus qu’une nouvelle tentative de désinformation du plus grand nombre. Je ne vais pas discuter la signification du terme Organisme Génétiquement Modifié pour savoir si cela comprend une transmutation des gènes où une simple mutation interne.
L’association à l’origine de cet article est en collaboration directe avec l’église Catholique Romaine et ne fait que transmettre ce que le Vatican pense du cannabis depuis au moins 1484 selon le décret du Pape Innocent VIII qui considérait le cannabis comme un sacrement des messes sataniques.
En ce qui concerne la transmutation des gènes responsable de la synthèse du THC, le problème est que ce n’est pas qu’un seul gène qui devrait être ajouté au génome de l’hôte, et rien ne garanti que la plante ne synthétise uniquement du THC (il pourrait produire du CBG, CBD, THCV etc.).
Ensuite, il n’existe aucune recherche à ma connaissance qui ai étudié la genèse des terpènes du cannabis, donc il est encore impossible de prédire si la plante ainsi créée produira des terpènes similaire au cannabis ou non. L’odeur ne sera pas nécessairement celle du houblon traditionnel.
De plus, pourquoi vouloir faire le travail de la nature? La laitue contient un alcaloïde sédatif déjà utilisé comme anesthésiant dans la Rome Antique, je sais bien que c’était pour l’exemple mais la modification d’organisme directement au niveau génétique n’est pas nécessaire si l’on connais un peu plus son environnement.
Enfin, nous produisons nous-même une substance similaire au THC puisqu’il se fixe sur des récepteurs pré-existants, l’important n’est donc pas de chercher à produire un analogue pour se soigner, mais de comprendre comment nous pouvons nous affranchir des cannabinoïdes végétaux en améliorant l’équilibre chimique entre l’Anandamide (nom scientifique: Arachidonylethanolamide) et ses antagonistes dans le corps humain.

Sincèrement, si l’on pouvait sentir les mêmes effets que le cannabis procure simplement en méditant, je serai le premier à abandonner l’usage de cannabis, mais les pouvoirs en place interdiraient la méditation par peur de perdre leur contrôle sur le reste de la population.

Cordialement,

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